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Echange avec Xavier Perret le Directeur d’Azure Microsoft en France. Azure, est la plateforme de cloud computing de Microsoft destinée à accompagner les entreprises et organisations dans leur transformation numérique grâce au Cloud. C’est justement à ces sujets que nous allons nous intéresser, avant de retrouver Xavier en tant que speaker aux Sommets du Digital les 3, 4 et 5 février 2020.
Microsoft investit énormément sur la recherche de nouvelles applications de l’IA et des technologies d’IoT en général. Quelles sont les avancées qui vous fascinent le plus, et pourquoi ?
Tout d’abord, il faut rappeler que l’intelligence artificielle est au cœur de la stratégie de Microsoft. C’est la mission originelle de Microsoft d’accélérer la transformation digitale des start-ups, des PME, des partenaires. Ça passe entre autres par cette rupture technologique qu’on appelle l’intelligence artificielle. Cinq secteurs ont des enjeux économiques et sociétaux extrêmement forts : la santé, l’agriculture/l’environnement, les transports/la mobilité, l’énergie et la finance. Je vais prendre l’exemple d’un partenariat qu’on a fait avec Sanofi qui me paraît intéressant. Sanofi, c’est l’utilisation de l’IA dans les usines pour avoir plus de sécurité dans les chaînes de production. C’est être capable de reconnaître grâce à la reconnaissance faciale, dans un site de production, un salarié qui aurait mal enfilé son équipement ou qui n’aurait pas mis son casque, ou encore une personne totalement étrangère dans l’usine. Il y a un autre domaine qui est très lié à l’IA et qui se développe beaucoup : c’est l’internet des objets. C’est aussi chez Microsoft un investissement très important, 5 milliards sur 4 ans ont été annoncés. L’objectif est de transformer encore plus les entreprises avec des solutions connectées. Un exemple me tient à cœur tout particulièrement. C’est avec Schneider Electric, l’entreprise qu’on connaît bien. Il s’agit d’améliorer la maintenance d’équipements de recharge solaire pour les écoles ou pour les hôpitaux. On va être capable à distance, au Nigeria, de savoir si un équipement de recharge solaire va tomber en panne et être capable d’intervenir avant que cela n’arrive et qu’une école ou un hôpital ne soit privé d’électricité. Dans ces endroits, l’électricité est un peu le cœur de la problématique. L’IA, l’IoT… on est à l’aube d’une nouvelle ère, la technologie repousse les limites de l’ingéniosité. Ce qui est encore plus fascinant, c’est que cette technologie est accessible. Avec mon fils de 15 ans, on est capable de faire une application en 5 à 10 minutes– sans code, ça s’appelle Power Platform dans les outils Microsoft – pour reconnaître un chat, un chien… Ce qui est fascinant, c’est moins la technologie en elle-même que son accessibilité. Ça va permettre de développer un horizon incroyable de services.
Quand on parle de cloud et d’IoT, il y a aussi une nouvelle donnée qui entre en jeu, c’est la 5G, avec ses points positifs et ses incertitudes. Qu’est-ce qui va changer ?
La 5G est une nouvelle technologie, un nouveau réseau, qui va permettre un déploiement massif d’objets connectés. Elle va jouer un rôle essentiel dans un certain nombre de secteurs : la mobilité, la réalité augmentée, la production industrielle, l’optimisation des réseaux énergétiques. Ça va accélérer avec l’utilisation, entre autres, de ce qu’on appelle l’edge computing – l’intelligence non pas au cœur du réseau mais de manière déportée –, l’intelligence artificielle, machine learning, deep learning… On trouvera de nouvelles utilisations, comme par exemple chez les constructeurs automobiles avec lesquels on travaille, qui vont se concentrer sur le développement et la conception des services, qui vont améliorer la mobilité. On trouvera des utilisations intéressantes dans la société civile, dans les smart cities – tous les enjeux de connectivité des territoires locaux et d’accès aux services publics. Dans le secteur de la santé aussi, avec la réalité mixte, on commence à avoir des professionnels de santé qui sont implantés dans des territoires isolés, mais qui sont capables de réaliser des actes complexes grâce à un réseau haut débit, des opérations qui nécessitent une expertise particulière et qui ne peuvent être faites qu’avec cette technologie.
Est-ce que la 5G va être une vraie révolution selon vous ?
La 5G va être déployée dans le monde entier. C’est pour l’année prochaine en France. Ce sont des scénarios qui vont être évolutifs et de plus en plus révolutionnaires, parce qu’avec ??? 5.57 edge, c’est-à-dire la possibilité d’avoir de l’intelligence en local, on voit bien que pour tirer parti de cette technologie, il y a beaucoup de partenaires, de développeurs qui sont en train de se former sur ces technologies-là. Ils vont apporter des solutions uniques, mais ça va prendre un certain temps.
On parle depuis des années de l’IoT dans l’industrie. Pour les autres usages, le développement semble se faire moins rapidement qu’espéré. Quels sont les usages qui se développent de plus en plus, et ceux qui devraient voir le jour sous peu ?
Il y a un secteur qui a toujours été très utilisateur de nouvelles technologies, c’est l’agriculture. C’est un des gros chantiers de l’intelligence artificielle, mais aussi de l’internet des objets. Un exemple de ce qui vient d’être développé : FarmBit. C’est une initiative pour améliorer la productivité du fermier par l’application du big data et des données de l’intelligence artificielle. Autre exemple : on travaille avec le groupe coopératif agricole InVivo, qui est leader. On a construit un lab d’intelligence artificielle pour être au service des grands enjeux de l’industrie agroalimentaire, pour produire mieux, correctement.
Quels seront les sujets de transformation dans les années futures, que ce soit au niveau digital ou dans d’autres domaines d’activité que le vôtre ?
Il y a trois domaines de transformation dans les années à venir. Il est difficile d’anticiper mais il y a trois leviers. Le premier est assez évident, c’est l’intelligence artificielle, partout mais surtout dans les objets, chez nous et dans les entreprises. Le deuxième, dont on commence à parler, est le quantum computing : les ordinateurs quantiques, c’est-à-dire la capacité dans les 10 ans à venir de pouvoir disposer de facultés de computing, de traitements des données qu’on ne connaît pas aujourd’hui. Le troisième, qui n’est pas de notre domaine technologique mais qui y est lié, ce sont les skills, les compétences. On voit bien que l’accessibilité de cette technologie est un sujet de transformation, un sujet humain. Il faut être capable de développer de nouvelles compétences, pour les nouvelles générations, mais aussi pour les générations existantes. Ce sujet est au cœur de toutes les problématiques de transformation digitale et de passage vers le cloud.
Ce sujet sera certainement de savoir comment traiter ces data. Des transformations en termes de skills, comme vous disiez. Quel est votre avis sur ces nouveaux métiers ?
Je crois qu’il y a une hybridation qui est en train de se faire. Des personnes doivent développer des compétences techniques (une communauté de développeurs, des devops), et d’autres doivent comprendre la technique pour que ces deux mondes puissent s’hybrider. La faculté de pouvoir développer des choses qui font sens, avec une certaine éthique, sont les compétences qui vont le plus se développer. C’est un sujet fait pour les Sommets du Digital.
Avez-vous des sources d’inspiration, des modèles que vous nous conseillez de suivre ?
Je n’ai pas tellement de modèles. Le seul qui m’inspire aujourd’hui, c’est Satya Nadella, parce que c’est un très bel exemple de transformation de grande entreprise. Mais je pense que, comme aux Sommets du Digital, l’inspiration vient de plein de petites graines semées. Je suis beaucoup plus impressionné par des gens qui utilisent ces technologies de manière positive. On en voit de plus en plus. Il y a l’exemple récent d’un ingénieur Microsoft qui s’appelle Saqib Sheikh, qui est aveugle depuis l’âge de 7 ans. Il a développé une application maintenant disponible en français qui s’appelle Seeing IA, destinée aux personnes ayant une déficience visuelle. Elle permet de raconter le monde à son utilisateur via l’appareil photo de son smartphone. L’intelligence artificielle décrit des personnes, des textes, des objets, des code-barres… C’est un très bel exemple d’une application qui aide des personnes avec déficience pour leur permettre d’être en meilleure inclusion dans le monde. Ce sont plutôt ces gens-là qui m’inspirent aujourd’hui. Je peux aussi citer un éleveur qui utilise l’intelligence artificielle pour mettre à disposition, en open source, sa formule algorithmique pour produire du bon lait, bio, qui ne consomme pas trop en termes de bilan carbone. Un magicien, avec lequel on travaille, est sur HoloLens 2, l’ordinateur holographique qui permet de visualiser la réalité mixte, et d’expliquer à tout le monde comment la technologie est un moyen incroyable de partage et de communication. Ces graines, on doit les semer et les mettre en valeur.
Le sujet de l’inclusion est un sujet d’avenir, selon vous ?
Il y a 7 milliards d’êtres humains dans le monde. Un milliard d’entre eux ont une forme plus ou moins visible de handicap. C’est un septième de la population tout de même, il faut s’en occuper. La technologie va nous permettre de les inclure dans le monde d’aujourd’hui.
Vous êtes déjà venu aux Sommets du Digital, auriez-vous un petit mot pour les participants ?
J’y suis depuis le début, ça va être ma quatrième année. Je suis fidèle aux Sommets du Digital pour une bonne raison : je suis haut-savoyard, je suis de la vallée de l’Arve. C’était la vallée du décolletage, technologique à l’origine. Mon grand-père était décolleteur. Ce lieu est magnifique, et c’est un endroit où on peut parler de technologie appliquée au service de l’humain. Les Sommets du Digital, pour moi, c’est inspirer de l’air pur mais aussi s’inspirer de ces petites graines semées, prendre du recul, de la hauteur, et surtout partager les bonnes idées, les bonnes initiatives dans un cadre extraordinaire.
Merci à Florence Coirier Giraudon d’avoir mené cet échange